Shenmue
Le jeu vidéo le plus ambitieux et coûteux de l’histoire est enfin
arrivé sur Dreamcast après plus de 2 ans d’attente ! Alors,
au-delà du mythe, chef d’œuvre révolutionnaire ou délire d’un
mégalo surestimé ?
Le jeu vidéo le plus ambitieux et coûteux de l’histoire est enfin
arrivé sur Dreamcast après plus de 2 ans d’attente ! Alors,
au-delà du mythe, chef d’œuvre révolutionnaire ou délire d’un
mégalo surestimé ?
En gestation depuis de nombreuses années dans le cerveau bouillonnant de Yu Suzuki (Out
Run, Space Harrier, Virtua Fighter, F355 Challenge…), Shenmue, de par ses nombreux
épisodes annoncés et ses ambitions démesurées, est l’un des projets les plus fous qu’a
connu notre jeune industrie du jeu vidéo. Il suffit de regarder le générique de fin pour s’en
convaincre : les noms des différents intervenants qui ont participé au développement du titre
défilent sans discontinuer durant de nombreuses minutes. Le budget alloué par Sega pour ce
jeu est tellement colossal (700 millions de francs), qu’il a forcément participé à la fragilité
financière actuelle du constructeur japonais. De tels investissements en valaient-ils la peine ?
Même si les retombées financières ne seront peut-être pas à la hauteur des enjeux,
c’est en tous cas un développement qui était indispensable pour faire évoluer le
monde du jeu vidéo vers de nouvelles directions. Un titre en avance sur son temps, et
dont la légende ne fait finalement que commencer…
Chapter 1 : Yokosuka
Shenmue met en scène le jeune Ryo Hazuki, 17 ans, vivant au Japon, aux abords d’une
petite ville côtière : Yokosuka. En 1986, un jour de novembre neigeux, en revenant au dojo où
il vit avec son père, sa gouvernante et un frère adoptif, le malheur s’est abattu sur sa famille.
Son père, expert en arts martiaux doit faire face à la visite d’un Chinois du nom de Lan Di, non
moins féru des plus grandes techniques de combats. A la recherche d’un miroir aux pouvoirs
étranges, Lan Di n’hésite pas à tuer le maître du dojo sous les yeux de son fils, pour l’obtenir.
Après ce meurtre, la vie de Ryo prend alors une tournure radicale : abandonnant ses
études, son seul souhait est désormais de retrouver l’assassin de son père, quel qu’en
soit le prix à payer. Partant avec peu d’indices en poche, il enquêtera dans les différents
quartiers de la ville, Yamanose, Sakuragaoka et Dobuita, puis plus tard au port de Yokosuka.
Inutile de préciser que Ryo est le héros, et que c’est lui que vous devrez diriger tout au long de
cette grande aventure.
Un nouveau chez-soi à découvrir
Officiellement, Shenmue se range, selon Sega, dans un genre inédit : le FREE, pour Full
Reactive Eyes Entertainment. Sous cette formulation quelque peu pompeuse se cache en fait
un jeu d’aventure/enquête agrémenté de phases d’action sporadiques, mais nombreuses. Le
moment le plus fantastique quand on se lance dans Shenmue est la première heure
de découverte, où l’on se dit que l’on est face au jeu dont on a toujours rêvé. La vue
de représentation est à la troisième personne (derrière le personnage) et il est possible de
regarder tout autour de soi, en vue panoramique ou non. La maison de la famille Hazuki où
débute l’aventure peut être explorée de fonds en comble. Toutes les pièces contiennent des
meubles avec des placards et des tiroirs que l’on peut ouvrir. Ils recèlent d’objets qu’il est
possible de prendre, de regarder, et parfois de garder. Le nombre de détails est tout
bonnement incroyable et donne déjà le vertige, tant l’impression de se retrouver
dans un véritable environnement est forte et inédite.
La ville à portée de main
Pourtant, le véritable choc a lieu après cette première demi-heure de touche à tout. Les
premiers pas dans les deux quartiers de la ville sont véritablement enchanteurs : le
ciel d’un bleu infini surplombe des habitations typiquement nippones, des enfants
jouent au ballon dans la rue, des ménagères bavardent près d’un square, un chat se
promène nonchalamment près d’un petit temple… La ville vit ! C’est alors que l’on
s’aperçoit qu’il est possible d’aller frapper aux portes de toutes les maisons, d’aller au
deuxième étage d’un immeuble de logement collectif pour se faire rembarrer par une vieille
dame dérangée pendant sa sieste. A ce moment là, le joueur ne maîtrise pas encore les
ficelles du gameplay et se prête à rêver à des possibilités infinies et une liberté absolue.
La vie grouille décidément partout
L’arrivée dans le grand quartier de Dobuita laisse finalement pantois : le quartier commerçant
de la ville grouille de monde et de magasins. Après avoir visité plusieurs restaurants,
antiquaires, supermarchés, fleuristes ou coiffeurs, on se met à interpeller toutes les
personnes passant aux alentours. Elles ont toutes quelque chose à dire, que ce soit des
informations cruciales ou des banalités futiles, elles servent toutes à immerger le joueur dans
un contexte de vie artificielle, mais naturel. La plus grande force de Shenmue se trouve
en effet ici : les 337 personnages que compte le jeu ont tous une histoire et une
personnalité. Chaque jour, ils vaquent à leurs occupations, selon un certain timing, sans
pour autant faire penser à des robots. Leur parcours change d’un jour à l’autre et leurs
dialogues évoluent selon l’avancée du joueur dans le scénario. Nous sommons bien loin des
classiques RPG où les villageois font les 100 pas devant leur maison et disposent de deux
phrases dans leur vocabulaire.
Le temps qui passe est inéluctable
C’est quand arrive 19h00 et que la nuit tombe sur Yokosuka, que l’on prend soudain
conscience que le temps passe dans Shenmue. Du matin jusqu’au soir, la luminosité du
soleil change, la ville et la vie des habitants avec : les employés sont au restaurant à l’heure
du déjeuner, les marchands ferment leur boutique à la tombée de la nuit et rentrent chez eux
ou vont chanter au karaoke, les bus passent toutes les demi-heure, les entraîneuses attirent
les badauds dans les bars uniquement le soir, un père Noël se promène pendant les fêtes de
fin d’année... Heureusement, le temps passe plus vite dans Shenmue que dans la
réalité, puisqu’une heure de jeu réel équivaut à peu près a une journée de vie
virtuelle, sachant qu’à 23h30 tous les soirs, Ryo va irrémédiablement se coucher.
Oubliez donc les nuits blanches…
La gestion de la météo (appelé Magic Weather par les concepteurs) est également prise en
compte en temps réel. Ainsi, il arrive que d’un coup, le ciel s’assombrisse et qu’il se mette à
pleuvoir des cordes ou à neiger, puis que le beau temps revienne. La météo varie selon le
jour et il est possible d’appeler (grâce au téléphone de la maison ou dans une
cabine) le service météo pour savoir le temps qu’il fait avant de sortir ! La notion de
chronologie occupe également une place importante dans le scénario. Ainsi, quelqu’un peut
vous fixer un rendez-vous à une certaine heure. En attendant l’heure dite, il faudra se montrer
patient en s’occupant à divers activités de loisirs (voir plus loin)…
Silence ! Action !
La majeure partie du jeu consiste donc à explorer des lieux et à questionner des personnages
afin de faire avancer l’intrigue. Mais parfois, de petites scène d’action interviennent afin de
donner un peu de corps à l’ensemble, pour enrayer la monotonie, souvent caractéristique des
jeux d’aventure. Elles sont essentiellement de deux types : les QTE (Quick Time Event) et les
Free Battle.
Les QTE sont placés à des endroits stratégiques où une action rapide doit être effectuée.
Basé sur un gameplay simpliste et déjà vieux (souvenez-vous, Dragon’s Lair…), le
QTE fait appel aux réflexes du joueur. C’est tout simple : dès que l’icône d’un bouton
de la manette apparaît à l’écran, il faut appuyer sur celui-ci le plus rapidement
possible. Et le timing est très serré… On regrettera que ces moments clés du scénario
doivent être impérativement réussis dans la plupart des cas. En cas d’échec, le programme
revient automatiquement au début de l’épreuve et n’entraîne pas le joueur vers un chemin
parallèle à l’histoire. Ces séquences sont tout de même bienvenues et malgré leur simplicité,
elles parviennent à accrocher.
L’autre type de phases d’action, le Free Battle consiste en des combats gérés en temps réel
à la manière d’un beat’em’all. Assez proche de Virtua Fighter dans le style de combat,
ce mode permet de réaliser un nombre de coups spéciaux bien plus importants que
dans un classique du genre. Tous ces coups (plusieurs dizaines) sont répertoriés dans un
dossier et de nouveaux pourront être appris au fil des rencontres de Ryo, pas manchot quand
il s’agit de passer à l’attaque. Ryo pourra également s’entraîner dans les squares et les
parkings quand l’envie lui en prendra. Ce ne sera pas superflu pour la fin du jeu avec ses boss
et les batailles contre 70 adversaires ! La fusion du genre aventure et baston que de nombreux
d’entre vous ont déjà imaginé est ici…
Yu Suzuki, concepteur de nombreux styles de jeu, n’a pas non plus oublié d’insérer
une petite phase d’infiltration, une partie de billard, des courses... Nous ne vous
dévoilerons pas toutes les surprises que réserve le jeu, sachez par exemple, qu’il est possible
de conduire plusieurs véhicules dans Shenmue…
La Dreamcast est définitivement une petite bombe !
Côté technique, Shenmue est certainement la réalisation la plus aboutie à l’heure actuelle,
toute machine confondue, Playstation 2 et sans doute PC compris. L’aspect le plus
frappant est la capacité d’affichage des décors. Il n’y a absolument aucun pop up,
même dans les quartiers où la visibilité est étendue. Littéralement bluffant ! En
contrepartie, ce sont les personnages qui connaissent souvent un affichage tardif. Il arrive
qu’ils apparaissent tout à coup près du héros. Finalement, on s’en accommode, mieux vaut
ça qu’un pop up monstrueux des décors (à la Driver 2…). Autre défaillance de ce moteur 3D
fabuleux : les ralentissements. Quand trop de personnages sont présents à l’écran
simultanément, le framerate chute parfois énormément. Ce n’est pas dramatique, mais cela
montre que Suzuki a poussé la Dreamcast jusque dans ses derniers retranchements.
Sorti de ces considérations purement techniques, les graphismes font preuve d’une netteté et
d’une beauté confondantes. Le niveau de détail de tous les objets et personnages est
tellement poussé qu’il est par exemple possible d’apercevoir les veines sur les mains
de Ryo ! Pour citer d’autres exemples, les murs de la ville sont placardés par des affiches et
abîmés par des graffitis, les étals des fleuristes sont garnis de multiples fleurs multicolores,
les chiens errants font des pauses pour se lécher la patte, les tables de restaurants sont
décorés, les diverses ombres sont magnifiquement gérées… Il y a réellement des milliers de
détails dans chaque recoin du jeu, avec une qualité de modélisation optimale. Les graphistes
ont réalisé un énorme travail.
Un chemin tracé qu’il ne faut pas quitter
Après tant d’éloges, passons aux défauts du jeu. Car il y en a, ne vous méprenez pas, et
même pas mal pour un titre de cette trempe. Le plus gênant est la linéarité du scénario.
Après quelques heures de jeu, un sentiment de déception risque d’envahir certains d’entre
vous. Passé la fabuleuse sensation de liberté, on s’aperçoit que l’on n’est finalement
libre que dans une prison, un carcan très serré dont les limites sont rapidement
visibles. En fait, le scénario suit une ligne directrice (comme dans tout jeu d’aventure) dont il
n’est guère possible de dériver, il n’y a pas d’embranchements scénaristiques. Les
mini-quêtes ne sont pas si nombreuses qu’elles auraient pu l’être et ne débouchent sur
aucune récompense. De même, les passants qui marchent dans la ville ne sont là que pour
"décorer", dans 90% des cas, ils ne souhaitent pas parler. Les nombreux endroits de la ville
ne sont pas non plus assez exploités et seuls quelques lieux clés doivent être visités. Après
un certain temps, quand on connaît toute la ville par cœur, une certaine lassitude
s’installe. Le problème avec un jeu d’une telle envergure, c’est qu’on en attend trop, on
essaye d’oublier que des développeurs ont effectué un énorme travail pour arriver à ce résultat,
et tout à coup, on revient les pieds sur terre : ce n’est qu’un jeu, avec toutes les frustrations
que cela implique.
Une facilité qui destine volontairement le jeu à tous
Pour avancer, il faut donc suivre à la lettre les indices qui s’inscrivent dans le carnet de note
de Ryo. Et cela rend le jeu extrêmement facile ! Pour se retrouver coincé dans
Shenmue, il faut vraiment être distrait… Et si jamais vous l’étiez, une voyante est là pour
vous donner des conseils ! Hormis une petite énigme au milieu du jeu, il n’y a pas de
casse-têtes à résoudre grâce à des objets ou à une réflexion un peu plus poussée. Même des
énigmes simples à la Resident Evil auraient été les bienvenues. Finalement, Shenmue se
rapproche assez d’une histoire interactive. Le but de Yu Suzuki n’était certainement pas
de proposer aux joueurs un gameplay ultra compliqué, mais au contraire une
aventure, une tranche de vie que n’importe quel type de joueur a l’opportunité de
suivre à son terme, sans risque d’échec. En ce sens, Shenmue est un jeu extrêmement
grand public. Ce n’est pas rédhibitoire, mais il faut le savoir avant d’aller crier au génie tous
azimuts.
Do you speak english ?
Autre souci qui se retrouve en contradiction avec le fait que le jeu soit destiné à tous les
publics : la version française de Shenmue est entièrement (à l’exception des menus) en
anglais, voix et sous-titres ! Alors évidemment, cela va rebuter les non anglophones,
car sans maîtrise de l’anglais, le jeu devient beaucoup plus difficile et fatalement
moins intéressant. Nous ne pouvons pourtant pas trop blâmer Sega Europe d’un tel choix, la
traduction dans les différentes langues européennes aurait certainement retardé le titre vers
l’année 2001. Et depuis le temps qu’on l’attend…
Le fait que les voix soient en anglais déplaira également aux puristes d’ambiances japonaises.
La langue de Kurozawa est tellement belle à écouter que s’en priver relève presque de
l’hérésie ! Saluons néanmoins la qualité du doublage, les acteurs ont un ton juste et
prononcent parfaitement les noms à la japonaise. L’idéal aurait été bien sûr de bénéficier
de voix japonaises et de sous-titres français. Tant pis.
Faites péter le hi score sur Space Harrier !
N’oublions pas d’évoquer la multitude de bonus et de petit plus que recèle Shenmue. Si
beaucoup de joueurs se contenteront de boucler les 3 GD en une vingtaine d’heures, les
otakus obsédés par le jeu auront néanmoins la possibilité de consacrer beaucoup plus de leur
temps à cet univers magique. Les possibilités de distractions sont multiples et
permettent d’utiliser une composante du jeu presque inutile en dehors de ça :
l’argent ! Il y a tout d’abord une salle d’arcade à Dobuita qui permet de se distraire avec
divers jeux de réflexes (entraînement au QTE, fléchettes…), mais surtout aux versions
originales et complètes de deux classiques de l’arcade : Space Harrier et Hang On. Génial
pour les fans nostalgiques ! Les maniaques atteints de collectionnite aiguë seront
également aux anges : il existe des petites machines "tirettes" qui délivrent des
figurines célèbres de Sega : Sonic et ses potes, les combattants de Virtua Fighter... Il
est également possible, dans les distributeurs de boissons, d’obtenir des canettes gagnantes,
qui pourront être échangées par la suite avec des objets divers. Un mini-casino de machines à
sous est aussi là pour gagner un peu d’argent, le supermarché organise des loteries… STOP !
L’énumération de toutes les possibilités de mini-jeux annexes dans Shenmue est quasiment
sans fin…
Une richesse sans fin
Enfin, si vous vous demandez ce qu’abrite le 4ème et mystérieux GD, intitulé Shenmue
Passport, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Celui-ci sert d’abord de guide de jeu
(explication des règles par divers personnages en très gros plan détaillé), et permet surtout de
revisionner la majorité des "cut-scenes" de votre partie. Idéal pour revoir certains moments
clés ! La description de ce GD est l’occasion de vous parler des musiques du jeu, qui
sont absolument fabuleuses, dignes de tous les grands jeux vidéo japonais. Dans le
jeu, il est possible de les écouter en achetant des cassettes audio ou en glissant de temps
en temps une petite pièce dans un juke-box. Sur ce GD bonus, la plupart d’entre elles (mais
pas toutes, dommage) peuvent également être écoutées. Terminons enfin par les possibilités
Internet de ce GD : en vous connectant, vous aurez la possibilité de consulter toutes les
statistiques du jeu (une base de données trop longues à décrire, mais ahurissante),
d’échanger des objets avec d’autres connectés, de continuer à éduquer le petit chat orphelin
du jeu, d’inscrire vos scores de mini-jeux dans un classement mondial et enfin, bouquet final,
lire les caractéristiques et l’histoire des 337 personnages que compte Shenmue !
Confirmation, les concepteurs de ce jeu sont complètement fous !
Un jeu culte qui restera dans nos mémoires
Shenmue s’appréhende davantage comme un voyage dépaysant dans un univers
virtuel que comme un jeu pur et dur. Pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut
véritablement se plonger dans l’aventure et s’impliquer dans le scénario, simple
mais captivant et bien rythmé. Il faut également savoir se contenter du simple
plaisir de la contemplation. Shenmue s’admire autant qu’il se joue. Il a aussi
fatalement un côté frustrant, car le grand nombre de portes qu’il ouvre dans
l’univers du jeu en fait apparaître beaucoup d’autres, mais fermées. Dédié à tous
les amoureux du Japon, poétique et profond, Shenmue est une destination
obligatoire pour tous ceux qui savent apprécier les plaisirs simples de la vie, une
œuvre peut-être pas tout à fait aboutie, mais qui laisse le champs libre à ses
successeurs d’améliorer une formule définitivement tournée vers l’avenir.
Les images que nous vous présentons ci-dessous sont des captures fournies par Sega
Note générale: 9 / 10
Côté plus :
L’univers de vie artificielle stupéfiant
La meilleure réalisation technique à ce jour
L’intrigue accrocheuse
Les phases d’action
La multitude de mini-jeux
Les musiques envoûtantes
Accessible à tous
Côté moins :
Le scénario linéaire
Trop facile pour les core gamers
Il manque des quêtes secondaires
Tout en anglais !
La suite va se faire longtemps attendre…
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